L’aventurière des sables, Sarah Marquis
Editions Pocket, collection Aventure Humaine

L’aventurière des sables paraît en 2004 puis est réédité en 2019 dans une nouvelle version aux Éditions Pocket.
En 2002, Sarah Marquis fait le premier pas de son expédition qui donnera lieu au récit L’aventurière des sables : une aventure physiquement éreintante mais intérieurement extraordinaire, obligeant l’auteure à repousser ses limites pour réaliser un tour de 14 000 kilomètres à pied au travers des déserts d’Australie, au cours de 17 mois de marche. Sarah Marquis se fraye un chemin, suivant son instinct, loin de la civilisation et sur des terrains ardus : c’est au coeur des dunes d’Australie ou en plein bush qu’elle évolue. Je vous propose d’aborder ensemble ce récit et ses thématiques dans un avis très personnel.

Ma critique en 3 points
1- Une traversée grandiose de l’Australie, comme si on y était, et une nouvelle découverte de ce territoire gigantesque et varié -sa faune, sa flore, ses habitants, ses paysages- à chaque page. Sarah Marquis emmène si bien son lecteur qu’on lui colle aux basques tout en partageant vivement ses émotions.
2- Une aventure qui amène l’auteure à une réflexion fondamentale autour de l’homme et de la nature et qui prend tout son sens au coeur du récit…
3- Un livre facile à lire, à l’image de la volonté de l’auteure de se rapprocher de l’essentiel : une lecture pour tous les aventuriers : expérimentés, en herbe ou de canapé !
À lire d’urgence !

Une véritable plongée au coeur du récit et du décor australien
Les paysages
L’écriture de Sarah Marquis est simple et claire. Je me laisse porter par son récit les yeux fermés -ou presque- et j’intègre les décors traversés à ses côtés. Je pense tout particulièrement aux eucalyptus dorés de la Nullabor Plain et aux dunes des Little sandy desert et Gibson desert où elle décrit le paysage comme “pharaonique”. J’entre également avec un plaisir non feint au coeur de Durba Hills, un oasis de verdure luxuriant et me couche avec Sarah “sous un ciel d’étoiles en guise de couverture”. Bien entendu, j’ai en tête quelques images de mon voyage en Australie, de l’oasis de Kings Canyon par exemple -qui fut le refuge de aborigènes Luritjia- mais l’ouvrage contient également un carnet de photos qui permet de visualiser les lieux. J’adore le feuilleter au fur et à mesure que j’avance dans ces paysages par la pensée pour les découvrir en image !
Les habitants
Je rencontre avec elle les différents personnages croisés sur son passage. Je pèse mon mots : personnages. Chacun est une figure, un caractère, une personnalité à part entière. Toutes les rencontres de Sarah ne sont pas aussi faciles, certaines se font à tâtons, de loin, avec anxiété, creusant les disparités, tandis que d’autres se font naturellement. Certaines de ces rencontres sont jolies, simples et empreintes d’hospitalité, d’autres sont timides et touchantes ; et l’une est carrément un vrai temps fort dans sa traversée de l’Australie, une rencontre marquante qui la fera se sentir moins seule… Je ne vous en dis pas plus mais vous saurez tout de suite de qui je parle à la lecture !
Elle a aussi la chance de rencontrer les habitants ancestraux de cette terre, les aborigènes. Elle apprend et partage aux côtés des femmes un moment suspendu dans le temps que je lui envie.
Entre la fin de mon année en Nouvelle-Zélande et quelques mois en Asie, j’ai rendu visite à des amis en Australie. Lors de ce passage express j’avais souhaité voir le Red Desert au centre du pays. J’ai ressenti un vif intérêt pour les aborigènes Anangu. Je ne les ai pas rencontré, j’ai juste marché sur leurs terres autour d’Uluru, le rocher sacré. J’ai découvert leur mode de vie et appris leur triste histoire de peuple persécuté. Certains vivent encore aujourd’hui en accord avec la nature, comme autrefois, mais ils sont aujourd’hui peu nombreux…
La faune
Je découvre aussi avec plaisir la faune très spécifique du pays. Saviez-vous que l’Australie est le plus dangereux pays au monde au rapport danger / km² notamment de part ses nombreux animaux vénéneux ? Moi qui suis phobique des araignées, je suis assez contente que le mot ne soit mentionné qu’une fois dans le récit. Sarah fait par ailleurs mention de serpents, de varans qu’elle mange, des dingos curieux qui n’hésitent pas à mettre le bazar dans son campement en son absence et évoque quelques créatures complexes et espèces rares passionnantes comme le Blackroo. C’est un kangourou noir que même les Australiens du bush n’ont pas tous rencontré et il y a encore le lézard Thorny devil et son anatomie toute particulière.
Bref, on s’enivre tranquillement de chez soi de la découverte passionnante de ces terres arides et pourtant si riches et précieuses.

L’importance de se rapprocher de la nature et de ses sens
La beauté des textes abordant la relation homme-nature et les émotions retirées de ce rapprochement font échos en moi et me rappellent avec délectation les émotions ressenties lors de mes propres aventures.
Sarah Marquis a écrit ces lignes avec la ferme intention de communiquer l’harmonie qui relie l’Humain à la Nature et de partager un mantra fort qui guide sa vie et ses pieds aujourd’hui : Explore, Respecte, Protège. Ainsi, ce livre est une invitation à lier une connaissance intime avec nos racines.
L’écoute de soi est l’une des thématiques principales du livre et de l’auteure qui exprime au travers de mille exemples comment elle parvient à puiser en elle les solutions lors de situations critiques. Elle explique que ses sens s’affinent, son odorat devient plus sensible : “Je ne fais plus qu’un avec les éléments” écrit-elle ; ou encore, “Je me rapproche de plus en plus du règne animal […] j’utilise mon instinct”. Instinct, c’est le nom d’un autre de ses récits d’aventure en Australie qui se déroule un peu plus tard que L’aventurière des sables. C’est déjà un terme récurrent et annonciateur dans ce livre !
Outre l’attention qu’elle porte à son intuition, elle fait également part et preuve d’une vraie lecture de la nature. Par exemple : “Souvent c’est par déduction et recherche d’indice que je trouve l’eau”, plus loin “Il suffit de déchiffrer, regarder et vouloir voir”.
En contrepartie de cette absence de civilisation dans laquelle elle évolue, et de son apprentissage à la dur, elle reçoit la plus belle des récompenses : “Le sentiment qui m’habite est de la pure liberté en dose concentrée”.
La fin de l’aventure, le retour à la maison et le changement
Toutes les bonnes choses ont une fin m’a t-on appris très tôt. C’est ainsi qu’on les reconnaît à leur juste valeur d’ailleurs ! N’est-ce pas ?
Il y a les livres de Sarah Marquis qu’on ne lâche pas avant la fin mais dont on aimerait qu’ils durent encore et encore. Le livre se termine, j’ai un sourire béat stupide vissé sur les lèvres. Je me sens bien, en phase avec les réflexions de l’auteure et transportée dans une aventure qui n’est pourtant pas mienne ! Toute chose a une fin et c’est aussi le cas de l’expédition de Sarah Marquis. Alors, est-ce que tout s’arrête ainsi ?
Elle écrit dans les dernières pages : “Je réalise que demain il n’y aura plus ce moment privilégié après douze heures de marche”, “Une grande tristesse m’envahit, elle représente la fin de quelque chose”. Je connais ce sentiment. J’en ai fait les frais (mais aussi tiré le positif !) C’était à mon retour de voyage, après quatorze mois de baroude en 2016. J’avais le vague à l’âme, déprimée que mes aventures soient terminées. Il m’a fallu accepter pour rebondir. J’ai d’ailleurs écris un article six mois plus tard sur comment survivre au retour de voyage. “Je suis rentrée différente” dit Sarah Marquis, en décalage avec son environnement et c’est exactement cela. Pourtant, ce n’est pas une fin en soi ; la fin d’une aventure, d’un parcours oui, mais dans lesquels on a puisé des connaissances et grâce auxquelles on a évolué.
Ainsi s’achève le récit de L’aventurière des sables : de retour à la maison et plein d’espoir.

Merci Sarah Marquis pour cette lecture savoureuse qui pousse à la réflexion !




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Je ne connaissais pas du tout ce livre, et avec ce qui se passe en ce moment je vais voir pour me le procurer car j’ai toujours voulu en savoir plus sur l’Australie