REPORTAGE EN IMMERSION : LA VIE À SÉOUL, CORÉE DU SUD

Écrire un article des mois après n’est pas chose facile mais j’ai très envie de vous faire partager ce qui a été pour moi une grande découverte et expérience nouvelle : la visite de Séoul en Corée du Sud.

En février 2015, je découvrais l’effervescente Séoul et abordais la culture sud-coréenne. Peu divulguée, elle n’en est pas moins riche, influencée par l’histoire du pays, les guerres qui y ont eu lieu, et par ses divers voisins et opposants historiques comme la Chine ou encore le Japon. Malheureusement, nombre des vestiges séouliens ont été détruits lors de l’invasion nippone qui aura duré pas moins de 40 ans. Séoul abrite principalement aujourd’hui des palais à l’architecture et aux décors similaires, tous ayant appartenu à la dynastie Joseon et à ses rois.

J’ai vécu ce voyage à Séoul en Corée comme une véritable rencontre avec le pays et sa culture. Au-delà des quelques plats au goût bien particulier comme le Kimshi (choux fermenté à la sauce piquante) ou le Bibimbap (met populaire à la pâte de piment ; mélange de riz, légumes, bœuf couronné d’un jaune d’œuf), au-delà des paysages urbanisés et d’une Séoul en permanente construction qui laisse petit à petit place aux buildings engloutissant les temples traditionnels et palais, chaque découverte a été passionnante.

En Corée, la vie n’est pas complètement paisible. Voici quelques items pour aborder la culture :

Une société confucéenne qui tend vers la méritocratie

La Corée, ayant subi l’influence de la Chine, est depuis l’antiquité une société confucéenne, c’est-à-dire ayant pour philosophie et doctrine morale et sociale, le confucianisme. La morale confucéenne prévoit que chacun soit obéissant et respectueux envers ses aînés dans le but d’atteindre l’harmonie sociale. On trouve également le confucianisme au Vietnam et au Japon, où il est très marqué.

Le confucianisme a considérablement influencé la société coréenne dans ses mœurs de vie en mettant l’accent sur des valeurs telles que le travail, l’éducation, le mérite. Aujourd’hui, la société évolue et l’ancienneté qui primait jusqu’alors dans les entreprises est peu à peu remplacée par un système d’avancement au mérite et de rétribution des performances. On peut désormais évoquer une société méritocratique : les individus les plus respectés sont à la fois les plus anciens et les plus méritants, ayant fait leurs preuves.

La Corée, grande puissance mondiale

En 50 ans, la Corée s’est hissée du statut de pays pauvre au rang de 15ème puissance mondiale. La nation est aujourd’hui dotée d’une industrie riche et performante grâce à un remarquable effort d’éducation et de recherche.

Le modèle économique coréen s’appuie sur les grandes entreprises multifonctions que sont les Chaebols. Ces Groupes, mondialement connus, tels que Samsung, Hyundai ou LG, permettent au pays de se positionner parmi les leaders mondiaux de l’automobile, de la construction navale, de l’ingénierie, ou encore de l’électronique grand public. Mais cette réussite économique n’est pas sans peine.

L’éducation et le travail

L’organisation stricte du travail et le dévouement des coréens, très fiers de leur patrie, ont certainement énormément joué dans l’élévation de la Corée et de son apparition sur la scène internationale. L’éducation et le travail font partie intégrante des valeurs constitutives de la Corée, profondément ancrées.

Les étudiants coréens subissent une grande pression sociale en faveur de la réussite scolaire qui est déterminante de leur avenir. En Corée, sans diplôme il n’y pas de travail, alors sans répit du matin jusqu’au soir, les jeunes coréens étudient, souvent au détriment de leur vie sociale et même de leur santé. La réussite au test d’entrée unique à l’université permet d’obtenir une place dans les meilleurs établissements.

Plus tard, les coréens travaillent extrêmement durement et la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle se fait mince. En plus de passer énormément de temps au travail, les coréens laissent leur vie professionnelle empiéter sur leur temps libre : les salariés d’une entreprise apprécient de se retrouver après le travail ou encore le weekend à l’occasion d’activités proposées aux employés et à leur famille.

La place de la femme

La Corée est loin de pouvoir revendiquer une équité entre homme et femme. D’abord, le confucianisme a établi l’émergence d’une hiérarchisation verticale, plaçant dans le même temps l’homme au centre de la société, et n’offrant pas d’autre place aux femmes que celle de mère au foyer.

Aujourd’hui ces femmes souhaitent de plus en plus travailler et du coup le concept de famille est remis en question. En effet, le taux de mariage chute et la démographie est en perte de vitesse à cause de l’impossibilité pour les femmes de s’émanciper du foyer et de travailler lorsqu’elles ont des enfants. La raison est la suivante : les coûts de l’éducation sont très élevés et le service public de très mauvaise qualité. Les coréennes doivent faire un choix entre la vie active et le statut de femme au foyer. De plus, les entreprises sont très peu compréhensives vis-à-vis des femmes travaillant et souhaitant fonder une famille. Aucun congé spécifique relatif à la maternité n’est accordé, ni aucune garantie de réembauche post-accouchement en cas d’absence prolongée.

Difficile donc de parler de respect de la femme dans cette société, même si globalement en tant que touriste je n’ai pas senti de vraie différence entre les sexes.

La notion de groupe

La dimension communautaire est très importante en coréen. Un individu vivra très mal le fait d’être différencié du groupe, même si l’intention est de le valoriser personnellement. Chacun cherche inconditionnellement à être englobé dans le groupe, notion rassurante et sécurisante pour ce peuple.

N’oublions pas que la Corée est un pays divisé et que les relations nord-sud se sont considérablement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir du Kim Jong-un en Corée du nord. J’ai ressenti une certaine timidité de la part des séouliens, comme de la méfiance au premier abord. Pour obtenir un mot ou un sourire, il faut casser la glace. Cette réserve est probablement due aux mémoires marquées, elle est d’ailleurs moins palpable chez la jeune génération, n’ayant pas connu la guerre froide. Cette dernière est plus influencée par la culture mondiale et s’ouvre plus facilement aux étrangers. Les quartiers privilégiés des jeunes et étudiants sont Hongdae et Gangnam ; ce sont les plus effervescents (et fluorescents) de Séoul.

Première expérience en Asie, ce voyage a été une expérience concluante pour moi. Il m’a permis de prendre conscience de la puissance de la Corée et d’appréhender sa culture sous divers angles… même s’il y a encore tant à dire et à découvrir. En France, en 2015-2016, c’est peut-être l’occasion d’en apprendre plus puisque ce mois-ci débute l’année de la Corée qui se traduira par diverses manifestations culturelles.

La Corée du Sud est-elle un pays qui vous attire ?